samedi 29 octobre 2011

Le CARGO relance la NOUVELLE IMPRIMERIE GOURMONTIENNE

Il y avait eu, cinq ans après la mort de Remy de Gourmont, la création de l'IMPRIMERIE GOURMONTIENNE, par le fidèle frère Jean. Quelques amis de l'ours à écrire s'étaient groupés pour en permettre la parution ; citons : Henri de Régnier, Rachilde, Alfred Vallette, André Rouveyre, Louis Dumur, René Quinton, Jules de Gaultier, Octave Uzanne, Paul Fort, Marcel Coulon, le Dr Paul Voivenel, Francis de Miomandre, François Bernouard, Charles Regismanset, Natalie Clifford Barney, la Duchesse de Clermont-Tonnerre, Hélène Dufau, Henry de Groux, Paul-Napoléon Roinard, Édouard Champion, Lucien Corpechot, Georges Crès, Gustave-Louis Tautain, Charles Verrier, Edmond Barthélémy, Ad. Van Bever, Paul Léautaud, Charles-Théophile Féret, André-Ferdinand Hérold, Legrand-Chabrier, André Billy, Jean Lefranc, Henri et Jean de Gourmont. Son but ? "Recueillir la correspondance du maître, publier les inédits qu'il a laissés, les souvenirs de ceux qui l'ont connu, des études sur son œuvre et une bibliographie complète". Ce beau bulletin, élégamment imprimé sur les presses de François Bernouard, vécut dix livraisons jusqu'en 1925.

Il y eut, quatre-vingts ans plus tard, la création de la NOUVELLE IMPRIMERIE GOURMONTIENNE, bulletin de l'association des amis de Remy de Gourmont, dont la parution s'interrompit après son premier numéro, l'association entrant dans un long sommeil, alors que Christian Buat, de son côté, solitairement et obstinément, s'activait pour construire sur la toile l'un des sites les plus riches et les plus vivants consacrés à un auteur : le site des Amateurs de Remy de Gourmont. Il fallut que Vincent Gogibu, endossant le costume de prince charmant, vînt embrasser la belle association au bois dormant et l'éveillât de son souffle enthousiaste pour la rendre à l'actualité. Et la demoiselle sortit de son sommeil décennal, rajeunie. L'association des amis de Remy de Gourmont était devenue le CARGO (Cercle des Amateurs de Remy de GOURMONT). Et le CARGO devait naturellement relancer la NOUVELLE IMPRIMERIE GOURMONTIENNE...

C'est fait. Le n°2 vient de paraître, rhabillé d'une distinguée et sobre couverture ivoire, d'une élégance qui renoue avec l'esprit de l'aventure menée, en 1920, par les premiers fidèles de Remy de Gourmont. Le sommaire aussi témoigne de cet esprit gourmontien, présentant non seulement une diversité qui est à l'image de l'intelligence du "philosophe dansant", mais reprenant aussi, avec des emprunts assumés à l'organisation du Mercure de France, et le complétant, le cahier des charges établi par Jean de Gourmont. Car, en plus de donner des textes rares de l'auteur ("La plus belle bibliothèque du monde"), des études qui approfondissent nos connaissances sur son œuvre ("Bataille autour du latin de cuisine"), sa vie ("Lieux, artistes et écrivains de Normandie dans la Correspondance de Remy de Gourmont"), son influence ("Remy de Gourmont à l'étranger"), et nous familiarisent avec ses différents visages ("R'MY", "Le premier éditeur de Rémy de Gourmont", Gourmont vu par Jules Renard), les rédacteurs de la NIG se reconnaissent des ascendants majeurs auxquels ils se proposent aussi de rendre hommage - à l'ombre tutélaire de Remy : le trop oublié frère Jean, bien sûr, auquel la publication de la correspondance inédite et le récit de sa relation passionnelle avec Cécile Sauvage rendront un prénom ; et Karl D. Uitti, le pionnier des recherches gourmontiennes, auquel Thierry Gillyboeuf, qui l'a connu, dédie, en tête de numéro,  un émouvant éloge.

Ajoutons que le tirage est très-limité, à 50 exemplaires ; que les adhérents à jour de leur cotisation (voir ici) bénéficient d'un supplément bibliographique dont la première livraison liste chronologiquement les contributions nombreuses et polymorphes de Remy de Gourmont au Mercure de France de 1890 à 1895 ; que cette deuxième livraison compte 192 pages ; que le sommaire détaillé est visible sur le site des Amateurs et sur le blog des Petites Revues ; que son prix n'est que de 25 € ; et que vogue le CARGO...

dimanche 9 octobre 2011

Saint-Pol-Roux, Einstein et Max Jacob (par Michel Kerninon)

Dans son article du Télégramme de juillet 1968, précédemment cité, Jim E. Sévellec rapporte une conversation de Saint-Pol-Roux avec Max Jacob (1876-1944), qu'ils auraient eue un jour qu'ils se promenaient "tous les deux sur la lande". Après avoir noté les "nombreuses conversations politiques qu'[il a] eues avec le maître", Max Jacob apporte un éclairage intéressant sur la conception esthétique de Saint-Pol-Roux à propos de la peinture.
Ce témoignage figure dans la préface de Max Jacob au livre d'Auguste Bergot intitulé Le tombeau de Saint-Pol-Roux. Saint-Pol-Roux évoque la nécessité pour le créateur de s'affranchir des conventions et des influences qu'il a pu subir durant sa formation et sa jeunesse. Voici la fin de ce passage : "... un Cézanne, un Gauguin, un Van Gogh, pour ne citer que les plus grands, n'ont vraiment fait éclater toute la portée de leur génie que lorsqu'ils ont produit hors de toute influence."
Un autre extrait me paraît aussi très précieux dans le feuilleton de Jim E. Sévellec publié dans Le Télégramme. Les autorités militaires d'occupation, rappelle en substance Jim E. Sévellec, avaient fait la promesse de protéger le manoir de Cœcilian après le drame. La promesse ne fut pas respectée, on le sait. Car le saccage du manoir eut lieu au tout début d'octobre, soit quelques mois après le drame de la nuit du 23 juin 1940.
Jim E. Sévellec émet une hypothèse quant aux commanditaires du sac du manoir. Voici ce qu'il écrit : "Quelle fut la raison pour laquelle, les Allemands saccagèrent le manoir ? Il semble que les autorités d'occupation de Camaret aient tenu la promesse qu'elles avaient faite de respecter la maison de Saint-Pol-Roux. Alors, quels furent les vandales qui se chargèrent de l'opération ? Beaucoup d'amis du poète se sont souvenus qu'il s'était, dès 1933, dans un article écrit pour une revue parisienne, élevé avec indignation contre les traitements inhumains que le régime nazi faisait subir aux juifs. De là à penser que des ordres étaient venus d'un organisme hitlérien pour perquisitionner, piller et mettre à sac le cabinet de travail du maître, il n'y a qu'un pas. Fut-ce l'œuvre de la Gestapo ou d'une autre police du régime ? On n'a jamais éclairé le mystère."
Jim E. Sévellec indique en note que l'article de Saint-Pol-Roux a été publié en 1933, date de l'arrivée de Hitler au pouvoir. L'article intitulé "La supplique du Christ" est dédié à Albert Einstein. Le physicien a dû quitter l'Allemagne précisément en cette fin d' année 1933. ll y subissait de violentes attaques pour ses origines juives et ses convictions pacifistes étaient affirmées. La maison d'Albert Einstein, située à Caputh, près du lac de Havelsee, dans le Brandebourg, avait été mise à sac au début de l'année 1933.

dimanche 2 octobre 2011

L'Académie Mallarmé sous l'occupation - dernier épisode de notre feuilleton, réalisé à partir de coupures du MATIN

Grâce à Gallica, nous pouvons mettre un terme complémentaire à notre mallarmacadémique feuilleton qui s'acheva déjà une première fois. Autant dire qu'il y aura probablement d'autres derniers épisodes. Toutes les coupures de presse reproduites en ce billet proviennent du journal Le Matin, qui continua de paraître pendant l'occupation.
Vendredi 20 juin 1941
Mardi 14 octobre 1941
Lundi 22 décembre 1941
Vendredi 27 mars 1942
Mercredi 9 décembre 1942
Mercredi 13 janvier 1943
Mardi 29 juin 1943
Jeudi 18 mai 1944
Addendum : Un lecteur du blog nous a récemment écrit pour nous signaler et réparer un oubli. Nous n'avions effectivement pas donné le nom du récipiendaire du prix Âge Nouveau de l'Académie Mallarmé, pour l'an 40. Et pour cause, nous ne l'avions pas retrouvé au cours de nos feuilletages de la presse quotidienne. Grâce à M. Cédric Allegret, nous pouvons désormais compléter l'historique palmarès : c'est Paul Bulliard (1911-1943) qui remporta la poétique couronne, cette année-là, grâce à Chacun sa croix, recueil préfacé par André Dez. Sur l'auteur, nous renvoyons à la page bien documentée que lui consacre M. Allegret.
Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, il suffit de cliquer ici.