dimanche 12 juin 2011

UN ARTICLE RETROUVÉ DE CŒCILIAN SAINT-POL-ROUX

C'est dans l'éphémère et belle Revue de France et des Pays français co-dirigée par Olivier-Hourcade et Carlos Larronde, à laquelle collaborèrent notamment Ricciotto Canudo, Paul Claudel, René Ghil, Francis Jammes, Paul-Napoléon Roinard, Émile Verhaeren, Francis Vielé-Griffin, que j'ai récemment retrouvé un court article du fils aîné de Saint-Pol-Roux, incontestablement l'un des maîtres des deux jeunes directeurs bordelais. Fédérant plusieurs groupes régionalistes, rendant compte des manifestations artistiques et littéraires des provinces de France, la revue accueillit, dans son ultime livraison de juillet 1912, quelques lignes de Cœcilian annonçant les prochaines festivités camarétoises.

J'avais, l'an dernier, consacré un billet à ces fêtes, dont Saint-Pol-Roux fut le grand ordonnateur, billet à la fin duquel nous reproduisions déjà un poème du jeune homme, alors âgé de 20 ans.
Voici donc, après les vers, la prose de Cœcilian :
La Fête de la Victoire
à Camaret
par CŒCILIAN
Camaret, 13 juillet
En offrant cette année, à M. Saint-Pol-Roux, la présidence de leurs régates, les membre du comité de Camaret semblaient signifier qu'ils attendaient de ce poète une collaboration toute particulière pour la journée nautique du 11 août.

Se considérant, de ce fait, comme invité à réaliser "quelque chose" le nouveau président décida de faire appel au sentiment populaire, afin d'associer toutes les bonnes volontés en vue d'une fête à la fois d'expression locale et de portée générale : il établit donc un projet que le comité des régates vient d'adopter à l'unanimité.

Sachez que le fond décoratif, sur lequel se détachera la fête prochaine, sera constitué par des Régates Fleuries dans le port, celles-ci faisant face et pendant au Corso fleuri du quai, dont les maisons seront, elles aussi, décorées.

- Mais un fond, fût-il de fleurs, ne suffit point, émet l'auteur du projet. Il sied de l'animer au moyen d'un sujet principal, d'un motif central ; en un mot, il faut un thème. Eh bien ! ce thème, extrayons-le résolument des annales camarétoises. Cherchons un symbole local, le plus significatif, puis dressons-le en force directrice de la fête, afin que, sous son invocation, toutes ces barques et tous ces chars fleuris puissent s'exalter dans un enthousiasme commun. Ce symbole, il existe au premier rang de votre propre histoire, Camarétois, mais nous aurons soin de l'emprunter dans un sens pacifique, de le traduire dans un but de fraternisation générale. J'estime avoir suffisamment désigné la Victoire - la Victoire de Camaret.

Alors, comme les symboles doivent être réalisés pour être saisissables au peuple, de même que les idées ne nous apparaissent pleinement accessibles que sous la forme humaine, le poète propose de réaliser le symbole de la Victoire au moyen d'une jeune fille laborieuse et sage de Camaret, élue par le comité.

L'élue incarnera la Victoire.

Bonne chance à la sensationnelle journée du 11 août ! Elle ne manquera pas d'attirer une affluence considérable de visiteurs, heureux d'admirer le miracle d'une féerie de fleurs, jonchant les tragiques rochers de cette vaillante cité de pêcheurs qui, hier encore, s'appelait Camaret, mais qui, demain, sur la carte comme dans l'histoire, portera son nom véritable et qui est tout son nom, le seul vraiment sien et qu'elle a mérité, l'ayant reçu au baptême du feu ! Camaret-la-Victoire !

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