dimanche 29 mars 2009

Saint-Pol-Roux et Eugène Figuière, le bon camarade

L'éditeur Eugène Figuière est une de ces figures importantes de la Belle Epoque littéraire dont on aimerait bien localiser les archives, tant elles doivent recéler de trésors. Ne fut-il pas le mentor de René-Louis Doyon ; le premier éditeur - ou peu s'en fallut - de Pierre Jean Jouve, René Arcos, Jules Romains, Alexandre Mercereau, Georges Duhamel, Charles Vildrac, Valentine de Saint-Point, Supervielle, Louis de Gonzague Frick, celui, aussi - mais point le premier - d'Apollinaire, Han Ryner, Gide, Ghil, Riotor, Tailhade, Milosz, Salmon, etc. ? Mais, comme la plupart des papiers d'éditeurs, ils ont dû être dispersés en de multiples ventes après sa mort, en 1944. Au cas où la vérité ne serait telle, je profite de ce billet pour lancer un appel aux éventuels ayant-droits d'Eugène Figuière, qui peuvent me contacter en adressant un courriel à harcoland@gmail.com.

Les banquets, qui ont joué un rôle important dans la petite république des lettres, auront mis en relation, probablement, Saint-Pol-Roux et le jeune éditeur. Aux alentours de 1910. Par exemple, le banquet Mercereau ; par exemple, le banquet offert à Han Ryner après le "vif succès remporté par le Cinquième Evangile", édité justement à l'enseigne du Figuier. C'étaient, réunis, l'entreprenante équipe de Vers et Prose et les amis de l'auteur des Ballades Françaises. S'étonnera-t-on d'ailleurs de retrouver quatre flamboyants mousquetaires, Guillaume Apollinaire, Eugène Figuière, Paul Fort, Alexandre Mercereau, à l'origine d'une pétition - on aimait beaucoup aussi les pétitions, qui fleurissaient généralement lors de banquets - réclamant la légion d'honneur pour Saint-Pol-Roux. Le document reproduit ci-dessous provient du catalogue de la vente Breton ; il agrémentait un exemplaire de La Dame à la Faulx. En plus du texte de la pétition, y figure une réponse spirituelle, illustrée et drôle de Charles Vildrac.

M ...........................................

Si, comme nous, vous êtes d'avis que le grand poète et dramaturge Saint-Pol-Roux mérite d'être admis dans l'Ordre de la Légion d'honneur, nous vous prions de vouloir nous retourner au plus tôt, signé de votre nom, ce billet.

Veuillez agréer, M ............................................, l'expression de nos sentiments distingués.

Guillaume Apollinaire, Eugène Figuière,
Paul Fort, Alexandre Mercereau.
A retourner, chez Eugène Figuière, éditeur
7, rue Corneille, Paris (VIe)
Et la réponse de Vildrac :
Je suis d'avis qu'il faut laisser le ruban rouge aux birbes de l'armée et des ministères, aux trafiquants de la politique et de la finance, aux cabots notoires, etc., et réserver le système des pétitions pour des questions d'un intérêt moins douteux...
[dessin : à Saint-Pol-Roux/Par Henri Rousseau]
... à part ça, vive Saint Pol Roux, - sans faveur rouge, et vive aussi Saint Paul Fort.
Charles Vildrac
Inutile de dire que le dessin est un pastiche du douanier par Vildrac et que la pétition n'aboutit pas à la décoration espérée. Mais ce document importe, car il est un des rares à témoigner de l'intérêt apollinarien pour le Magnifique - on connaissait celui de Fort et Mercereau -, et montre un Eugène Figuière soucieux de reconnaissance pour l'exilé de Camaret. Etait-il déjà question d'affaire commune ? La correspondance inédite du poète nous apprend que le projet du Tragique dans l'homme remonte à l'année 1908. Le Tragique dans l'homme, c'est le titre sous lequel Saint-Pol-Roux espérait réunir, en plusieurs volumes, son théâtre publié et à paraître ; ce fut auparavant le titre d'un drame, annoncé dans De la colombe au corbeau par le paon, en 1904. Après avoir recueilli dans les trois volumes des Reposoirs de la Procession une grande partie de sa production poétique en prose, en donner le pendant dramaturgique n'était que logique éditoriale. Sans doute en avait-il d'abord soumis la proposition à Alfred Vallette, qui lui avait alors peut-être déconseillé de faire reparaître ses pièces tant que le premier tirage de La Dame à la Faulx n'était pas épuisé. Peut-être aussi les conditions du compte à demi, pratiqué par le directeur du Mercure de France, ne satisfirent plus le poète, qui se tourna alors vers d'autres maisons. Trouva-t-il mieux chez le jeune éditeur Figuière ? Pas sûr, puisque ce dernier pratiquait surtout le compte d'auteur, moins avantageux encore. Tout au plus peut-on supposer que, débutant dans la carrière, celui-ci aura voulu corser et notabiliser un peu son catalogue auprès des avant-gardes et de la presse en y inscrivant des noms de jeunes aînés (Ryner, Ghil, Fort, Gide, Tailhade et Saint-Pol-Roux). Toujours est-il que, dès le premier semestre 1912, Dorsennus (pseudonyme de Jean Dorsenne) annonçait dans la Phalange, sans préciser il est vrai la maison d'édition, la parution prochaine du Tragique dans l'homme ; que Carlos Larronde, dans le tome XXXVI de Vers et Prose (janvier-mars 1914), y consacrait une longue étude alors que le premier volume n'était pas sorti des presses. C'est que le projet était déjà très avancé, que Saint-Pol-Roux en avait corrigé les épreuves et donné le bon à tirer. L'ami Larronde les avait eues en mains. La parution du Tragique dans l'homme était donc imminente lorsqu'éclata la première guerre mondiale - qui la différa.

Il faudra attendre 1983 et René Rougerie pour que le projet, inabouti, partiel, voie enfin le jour. Le Tragique dans l'homme paraîtra, en effet, en deux volumes, chez l'éditeur de Mortemart, selon les indications laissées par le poète lui-même sur les jeux d'épreuves conservés. Nous y apprenons notamment ce que devait être cet ensemble : une "collection d'oeuvres dramatiques [qui] comprendra cinq séries, chaque série formant un volume d'environ 150 pages. De cette collection de pièces diverses, brèves ou longues, ne feront partie ni La Dame à la Faulx, ni les autres grands drames inédits du poète Saint-Pol-Roux". Il s'agissait donc d'abord d'un recueil d'essais dramatiques, de pièces de jeunesse ou circonstancielles. René Rougerie poursuit :
"Sur la même page manuscrite retrouvée Saint-Pol-Roux prévoyait une première fois 5 volumes, une deuxième fois 10 volumes : mais sur les épreuves du livre composé par Falguière (sic) (livre qui ne verra pas le jour pour une raison que nous ignorons), il est indiqué dans la rubrique "Du même auteur" : "Le Tragique dans l'Homme, tome I Monodrames, tome II Le Fumier, ensuite tomes III, IV et V".
Le sommaire du tome I était ainsi composé : Monodrames. - Les personnages de l'individu. - Les saisons humaines. - Le Mouscoul (titre rayé et remplacé par "Tristan la vie"). On aurait aimé trouver le sommaire détaillé des autres tomes. "Les autres pièces, annoncées par Saint-Pol-Roux, semblent être restées à l'état d'ébauche", concluait René Rougerie. Ce dernier a publié depuis les Ombres tutélaires, qui faisait partie du Tragique dans l'homme. Qui sait combien d'autres textes dramatiques, qu'on pensait inachevés ou détruits, existent encore, en bel et bon état d'être publiés ?

Mais revenons à l'ami Figuière - et non Falguière -, qui avait assez rapidement sympathisé avec Saint-Pol-Roux, au point qu'une complicité, entre les deux hommes, s'installa. On en trouve un exemple dans un article, non signé, de L'Art Moderne du 11 août 1912, intitulé "Fête Nationale", où l'on apprend que le Magnifique s'impliqua dans un étrange projet élaboré par l'éditeur :
Fête Nationale
On se plaint avec raison de la banalité et de la vulgarité des cérémonies et divertissements par lesquels la France célèbre, le 14 juillet, sa fête nationale. On se plaint, mais on ne tente aucun effort pour donner à l'allégresse populaire un aliment plus savoureux, un décor plus attrayant.
C'est ce qui a inspiré à M. Eugène Figuière, l'éditeur qui déjà se signala par diverses initiatives heureuses, - et notamment par la création charmant du Jardin de Jenny, - l'idée d'organiser avec un groupe de peintres, de poètes, de musiciens, et ce à la date du 14 juillet 1913, des fêtes d'un caractère artistique qui promettent d'offrir au public un spectacle original et séduisant.
De la place de l'Etoile, à l'arc triomphal, une cavalcade fleurie partira. Des voitures merveilleusement décorées, des chars que les artistes auront ornés avec goût glorifieront le printemps, la grâce et la beauté.
Le cortège sera immense. Toutes les corporations ouvrières y enverront une délégation. Les mineurs, les boulangers, les forgerons, les terrassiers en costumes de travail en feront partie et les anciennes provinces seront représentées par des jolies filles aux vêtements coquets qui rappelleront mieux le passé.
Cette fête aura une reine, qui sera la reine de France : l'héroïne qui aura reçu le prix Montyon de l'année.
Déjà M. Saint-Pol-Roux, qui fut le Magnifique, écrit un hymne pour chanter la résurrection de la nature. M. Albert Doyen en composera la musique.
"Oui, a dit à un de nos confrères M. Figuière, rayonnant, il faut que cette fête des fleurs soit une solennité civique, il est nécessaire que le peuple tout entier y participe.
Aussi, tandis que se déroulera l'immense cortège de l'Etoile à l'Hôtel de Ville, traversant les Champs-Elysées et les grands boulevards, les enfants des écoles, massés place de la Concorde et sur les marches de l'Opéra, chanteront des hymnes, joyeusement.
Dans Paris entier, les guirlandes de fleurs et de verdure, les ornements lumineux égayeront les rues. Des orchestres feront danser les jeunes gens. Au lieu de confettis banals on jettera aux curieux des pétales de roses, des grappes parfumées.
Mais notre fête ne sera pas seulement réalisée à Paris. La France entière y participera. Dans la plupart de nos villes des comités s'en occupent pour que le printemps soit partout fêté. A l'étranger même, à Madrid, Cadix, Londres, le même cortège pittoresque dira notre amour du renouveau, de la joie, du soleil bienfaisant, de la vivifiante lumière."
M. Paul Boncour dans son récent livre, Art et Démocratie, réclamait des fêtes civiques. Il s'étonnait qu'on n'eût pas songé à célébrer les saisons. Il rappelait les fêtes révolutionnaires organisées par Robespierre et demandait à la République de s'en souvenir.
Ses voeux vont être réalisés. Les artistes, les écrivains, réunis par la volonté charmante de M. Eugène Figuière, vont, l'an prochain, nous montrer, par une grandiose manifestation, ce que doit être une fête vraiment nationale.
Quelques précisions : le prix Montyon était un prix de vertu distribué par l'Académie française ; Albert Doyen, le compositeur, fut un des abbés de Créteil, ami de Georges Duhamel. Cette entreprise, quelque peu mégalomaniaque, bien entendu, n'aboutit pas. Pour ma part, je croierais volontiers que Saint-Pol-Roux fut le véritable initiateur du projet, tant cette fête du printemps - en plein été -, cette glorification "du renouveau, de la joie, du soleil bienfaisant, de la vivifiante lumière" rappellent sa poétique. Puis ce 14 juillet lyrique n'aurait été qu'une extension (inter)nationale des festivités camarétoises dont, tel David issant de son atelier en pleine Terreur, il était déjà le grandiloquent et superbe scénographe.

Mais je m'éloigne de mon sujet. Oui, Eugène Figuière et Saint-Pol-Roux devinrent assez rapidement amis. Ils se tutoyaient - alors que le poète et Vallette se vouvoyèrent jusqu'à la mort de ce dernier - comme en témoigne la seule lettre du Magnifique à Figuière retrouvée jusqu'ici. Elle est, malheureusement, fragmentaire, émanant d'un catalogue de vente (Livres anciens Chaptal-Librairie Giraud-Badin) du Printemps 2006 :
Manoir de Coecilian
22 janvier 1933
Camaret
Cher ami,
le silence de ma solitude n'en est jamais un, les Amis m'habitant quotidiennement mais ma besogne des amis suprêmes et parfois mes yeux à ménager me contraignent à l'épistolaire négligence. [...] J'ai près de mille lettres de retard. [...] Mon recueil de poésies, je ne m'en occuperai que dans quelques années. [...] Bien reçu tes passionnés Journaux et livres dont ton Bonheur à cinquante ans. [...] Tu parlais d'un banquet, mais rappelle-toi que les précédents finirent dans le chambard...
On devine à la lecture de ces lignes que l'éditeur avait proposé au poète d'éditer un nouveau volume de ses poèmes et de le ramener sous les feux de l'actualité parisienne en organisant un banquet en son honneur. Voilà qui, incontestablement, était d'un ami, d'un qui "compte parmi les physionomies les plus représentatives de la bienveillance et de la bonne camaraderie".

samedi 28 mars 2009

Théo Varlet : quelques glanes où apparaît aussi le Magnifique, pour surenchérir sur Zeb & le Préfet maritime

N'ayant pas réuni suffisamment de matière pour consacrer un beau billet (beau, ici, étant mis pour la babillante allitération) aux relations que purent entretenir Saint-Pol-Roux et Théo Varlet, je profite des dernières interventions du Préfet maritime en son Alamblog, de Zeb en son Livrenblog, pour verser simplement mes maigres glanes personnelles dans le dossier du héraut de la poésie cosmique.

C'est sans doute par l'entremise de Jean Royère et de son Manuscrit autographe que Varlet et Saint-Pol-Roux prirent le temps de se mieux connaître et apprécier. Ils apparaissent, en effet, tous deux au sommaire de la belle revue éditée par Blaizot durant l'année 1927, le second dans le n°7 de janvier-février, le premier dans le n°11 de septembre-octobre, avec une étude sur Mallarmé. Tous deux collaboreront jusqu'à la dernière livraison de cette rare publication en 1933. Voici, en guise de première glane, une bibliographie non exhaustive - il me manque quelques numéros - des contributions de Varlet au Manuscrit autographe :
  • N°11, septembre-octobre 1927 : "Les Fêtes Françaises. - Théo Varlet : Mallarmé", pages 109 à 114.
  • N°14, mars-avril 1928 : "Manuscrits. - Théo Varlet : Sonnets", pages 54 à 57.
  • N°15, mai-juin 1928 : "Les Fêtes Françaises. - Edmund Gosse : Mallarmé en Angleterre, traduction en français par Théo Varlet", pages 94 à 96.
  • N°18, novembre-décembre 1928 : "Les Fêtes Françaises. - John Erskine : Edgar Allan Poe, traduction de Théo Varlet", pages 133 et 134.
  • N°19, janvier-février 1929 : "Manuscrits. - Théo Varlet : Côte d'azur, poème", pages 51 à 53 & "Les Fêtes Françaises. - Théo Varlet : Au soleil de Mallarmé", pages 96 à 100.
  • N°23, septembre-octobre 1929 : "Les Fêtes Françaises. - Théo Varlet : En pure perte, nouvelle", pages 90 à 95.
  • N°36, novembre-décembre 1931 : "Les Fêtes Françaises. - Théo Varlet : L'Anglais corrupteur", pages 92 à 95.
  • N°40, octobre-novembre-décembre 1932 : "Fêtes Françaises. - Archer Milton Huntington : Les Abbesses de Vallbona, poème, traduction de Théo Varlet", pages 119 à 122.
  • N°41, janvier-février-mars 1933 : "Fêtes Françaises. - Théo Varlet : Traduction des poèmes : Le Cid. - La Jeunesse, de Archer Milton Huntington", pages 242 à 246.
Parmi ses contributions, beaucoup de travaux de traducteur desquels je retiendrai surtout les derniers, qui seront recueillis, quelques mois plus tard, en un volume de la collection "La Phalange", dirigée par Jean Royère, aux éditions Albert Messein : Quatre poèmes d'Archer Milton Huntington, transposés par Théo Varlet et Armand Godoy, avec une préface de ce dernier (achevé d'imprimer le 9 août 1933). Le recueil comporte une dédicace imprimée, qui pourrait témoigner en faveur d'un resserrement des liens entre Varlet et le Magnifique. Deuxième glane :


Dernière glane en date, cet appel de Paul Prist, paru dans la Revue Belge (11e année, Tome IV, n°1, 1er octobre 1934, p. 95-96) :
Pour Théo Varlet
Notre excellent collaborateur Paul Prist, membre d'un Comité parisien qui vient de se former pour porter secours au beau poète Théo Varlet, nous adresse, au nom du Comité, la présente lettre qu'il nous demande de porter à la connaissance de nos lecteurs :
Autour des membres d'un Comité d'honneur et d'un Comité acrif, dont suivent les noms, les Amis de Théo Varlet se groupent actuellement, pour apporter à notre excellent confrère l'aide, aussi efficace que possible, réclamée par sa très angoissante situation. Ils espèrent et sont presque certains que vous voudrez bien vous poindre (sic) à eux.
Vous connaissez le nom et les oeuvres de Théo Varlet : dix recueils de vers, dont la récente anthologie du "Florilège de Poésie cosmique", une quinzaine de volumes de romans et contes, trente volumes de traductions, de nombreux articles, etc.
Installé depuis longtemps à Cassis (B. d. R.) où il vit de sa plume, en mauvaise santé, depuis de longs mois et empêché d'aller à Paris prendre soin de ses intérêts, Théo Varlet voit baisser de jour en jour le rendement de ses travaux littéraires. Ce fâcheux état de choses n'a guère chance de s'améliorer d'ici peu. Il nous est difficile de vous mettre brièvement au courant des ennuis de notre confrère, mais ses amis vous prient de croire que sa situation émouvante, après une série de pénibles accidents, doit vous inspirer la plus vive sympathie.
Désireux de procurer à notre excellent confrère Théo Varlet le repos et les soins qui lui seront indispensables pendant plusieurs mois, et peut être même deux ou trois ans, et de lui faciliter ainsi le retour à une vie active, nous ouvrons en sa faveur dès ce jour une souscription à laquelle nous espérons que vous voudrez bien prendre part. Il va de soi que Théo Varlet, s'il peut publier de nouvelles oeuvres, grâce à cette aide, ne manquera pas d'en réserver la primeur à ses amis, dans des conditions à déterminer.
Nous vous serions donc particulièrement reconnaissants de bien vouloir dès maintenant adresser : 1° votre adhésion à M. Sirius Ravel, 1, avenue Colbert, Toulon, secrétaire ; 2° votre souscription à M. François Dellevaux, trésorier des Amis de Théo Varlet, villa Beata, le Cannet (Alpes-Maritimes), compte chèques-postaux n°37.969, Marseille.
Il nous serait agréable de recevoir avec la votre, les souscriptions de quelques-uns de vos amis, inconnus de nous, et désireux de témoigner par votre intermédiaire leur sympathie à Théo Varlet. Les souscriptions seront publiées à bref délai dans diverses revues et différents journaux de Paris, de province et de l'étranger. Toutes les sommes recueillies seront intégralement versées à Théo Varlet.
Le Comité actif est en formation sous la présidence de M. Jean Royère.
Le Comité d'honneur comprend déjà : MM. Maurice Maeterlinck, Rosny Aîné, Henri de Régnier, Paul Valéry, Pol Neveux, Gaston Rageot, Georges Duhamel, V. E. Michelet, Gustave Kahn, Philéas Lebèsgue, Claude Farrère, Maurice Beaubourg, Fernand Mazade, Xavier de Magallon, A. Godoy, Saint-Pol-Roux, etc.
D'autres glanes à suivre au hasard des découvertes... En attendant, on se reportera aux billets de Livrenblog, de L'Alamblog (ici et ici, puis et ), et à l'extrait de la présentation de "Télépathie", par Eric Dussert, reproduit en La Clef d'Argent.
Nota : Les liens accolés au Manuscrit autographe et à la collection "La Phalange" ne sont accessibles qu'aux Amis de Saint-Pol-Roux (qu'on rejoint gratuitement par simple création d'un compte google et demande d'inscription : plus d'infos ici).

vendredi 27 mars 2009

Lumières sur le portrait-mystère : le bon camarade Eugène Figuière

Bon sang, mais c'était bien sûr ! Notre bonhomme aux bajoues conviviales ne pouvait être un autre que l'éditeur hyperactif Eugène Figuière (1882-1944). J'entends déjà les participants qui se sont cassés la dent bibliophile sur l'identité de notre héros, s'exclamer d'auto-indignation en relisant l'indice clarissime où il fut question de fruit chu, de caprification, et d'un trop exotique banian, et en s'apercevant fort tard - trop tard - que c'était ainsi les placer à l'enseigne du figuier, de l'arbre qui servit de marque transparente à notre éditeur. Quant à l'indice ultime, il se contentait de lister quelques-uns des auteurs publiés à ladite enseigne, hors René-Louis Doyon qui n'y publia pas mais fit ses propres armes éditoriales chez l'ami Figuière, Marie Laurencin, qui y donna ses premières illustrations livresques en 1912, et Saint-Pol-Roux, qui manqua de peu commettre quelque infidélité envers le Mercure de France pour paraître sous le fructueux figuier. Nous en reparlerons. En attendant, on s'infligera - et avec le sourire - cette petite page d'auto-promotion retrouvée dans l'annuaire général des lettres pour 1932, et on félicitera -oui, oui, toi aussi, visiteur et beau joueur - l'ami perspicace C. Arnoult, maître-entoileur du blog Han Ryner, qui, seul, donna la juste réponse.

lundi 23 mars 2009

Grand Jeu Concours : Mais qui est-ce donc ? (dernier indice)

Sentant que le visiteur souffre de ne pas associer de nom à ce visage bonhomme, j'ai décidé - magnanime - de lui offrir un ultime indice, qui le fera glisser, en savonneux toboggan, vers la soulageante révélation.
Mais qui est-ce donc ?


Indice ultime :
Son histoire est faite des rencontres d'Apollinaire, Jules Romains, Jean Ajalbert, Georges Polti, Léon Riotor, Louis de Gonzague Frick, Marie Laurencin, René Arcos, O. W. de L. Milosz, Jules Supervielle, Riccioto Canudo, Tristan Klingsor, Paul Fort, Aurel, Carlos Larronde, John Millington Synge, André Salmon, Charles Vildrac, Bernard Shaw, André de Lorde, Pierre Jean Jouve, Valentine de Saint-Point, André Gide, René Ghil, Georges Duhamel, Alexandre Mercereau, Han Ryner, Léon Frapié, Laurent Tailhade, Walt Whitman, René-Louis Doyon, Saint-Pol-Roux, etc.
La route vers la bonne réponse étant désormais fort découverte, je me tairai jusqu'à la fin de la semaine. Postez vos réponses en commentaires (ci-dessous). Le gagnant sera celui qui aura été le plus rapide à donner l'identité de notre bonhomme. Toutes les réponses seront publiées, dans l'ordre où elles me seront parvenues, vendredi en fin d'après-midi. A vos claviers...


NOTE A DESTINATION DES REPONDEURS INQUIETS

LE COMMENTAIRE SUPPRIME ETAIT UN TEST. COMME ANNONCE, TOUTES LES REPONSES PARAÎTRONT EN MÊME TEMPS, MAIS DANS LEUR ORDRE D'ARRIVEE, VENDREDI 27 MARS. N'HESITEZ DONC PAS A POSTER VOS REPONSES... JE LES TIENS AU CHAUD JUSQU'AU GRAND JOUR.

L'exposition Saint-Pol-Roux ferme ses portes : souvenirs d'une belle exposition (II)

La trop brève visite de l'exposition Saint-Pol-Roux s'achève aujourd'hui avec une déambulation dans les salles du Musée des Beaux-Arts de Brest. J'aurai de nombreuses occasions, dans les mois et les ans prochains, de revenir sur les relations entre le Magnifique et les peintres. J'ai déjà présenté, il y a quelques semaines, ses "notes de poète" qu'il donna en préface au catalogue du Salon des Peintres de Bretagne, en 1937. C'était pour lui un art second que la peinture - comme la musique. Pourtant, il fut, en bon et jeune poète symboliste, un piéton de galeries et d'expositions, fréquentant, entre autres, chez Le Barc de Boutteville, et, probablement, dans les salons de la Rose-Croix. On se souvient notamment de son admiration pour le Christ aux outrages de Henry de Groux, le "Ravachol de la peinture" ; il aima aussi Jeanne Jacquemin, Maurice Denis, Paul Signac, Gauguin, Georges Rochegrosse. Il est dommage qu'on n'ait pas conservé d'ébauches ou de photographies de la fresque que ce dernier peignit sur un mur du manoir, et qui représentait le poète en dieu de la mer. Il est dommage encore que le musée d'Orsay n'ait pu prêter à Brest les bois gravés de la Maison du Jouir de Gauguin, que Segalen avait rapportés de Tahiti pour orner les murs de la demeure irrévocable, à Camaret. L'exposition montra néanmoins le portrait de Wagner, peint par de Groux et dédicacé, par le peintre, au Magnifique.


Et il y avait d'autres belles pièces en cette exposition dont le triple objectif, atteint, était de préciser les goûts esthétiques de Saint-Pol-Roux, de donner un aperçu assez complet des représentations artistiques du poète, par les peintres et les sculpteurs, de montrer combien sa vie, parisienne ou bretonne, s'inscrit dans des centres d'art particulièrement vivants et dynamiques, du Paris symboliste puis néo-impressionniste et nabi à Camaret, ville d'artistes.


Denis, Sérusier, Filiger furent des innovateurs, des inventeurs de peinture. Comme Saint-Pol-Roux, ils s'exilèrent rapidement de Paris pour découvrir la vérité du monde en Bretagne.

Les autres peintres exposés - je parle de ceux, moins connus, qui villégiaturaient à Camaret : Cottet, Sauvaige, Désiré-Lucas, Rivière, Sévellec, etc. - témoignent eux de la vie camarétoise, de sa beauté et de sa dureté, non sans génie, tel Henri Rivière, non sans force, tel Charles Cottet représentant l'incendie de l'église de la ville.


Mais le plus émouvant de cette exposition, sans doute, c'est encore, l'apparition, au milieu de chefs-d'oeuvre reconnus, de ces petites toiles naïves figurant le manoir et la chaumière - qui furent, qui sait ?, peut-être peints par l'un des enfants du poète -, de ces "chinoiseries", - bibelots rapportés, qui sait encore ?, par Segalen, peut-être -, du catalogue de vente, à Drouot à la fin décembre 1920, d'une partie des meubles de Saint-Pol-Roux, de plans du manoir réalisés par ce dernier en personne, etc. Le plus émouvant, oui, c'est sans doute ce mélange du beau et du joli, du sublime et du naïf, c'est cet hétéroclite baroque, qui est, simplement, le monde du poète.


Ce monde que Mary Piriou a su rendre si sensible dans le portrait ci-dessous qui termine notre visite, portrait où tous les éléments de l'univers saint-pol-roussins sont convoqués : le paon, le tournesol, le coq, la colombe, le corbeau, la rose, la chaumière et le manoir. "Son oeuvre finie, avait écrit le poète à propos de l'artiste, je pars, baisant pieusement la main qui m'a créé. Resté dans l'atelier, cependant me voilà dans le sombre escalier. Dédoublé, je ne sais vraiment si je descends ou bien si je m'attarde sur le chevalet. Des deux, quel est celui de moi qui vit le mieux et davantage ? De palier en palier, l'impression m'étreint de m'éloigner du meilleur de moi-même".


Les photographies des tableaux,
"Une veuve de Camaret" (Richon-Brunet)
et "portrait de Saint-Pol-Roux" (Mary Piriou),
sont de M. Jacques Bocoyran.
Nota : Le Grand Jeu concours court toujours. Le visiteur sèche, comme un fruit tombé. Ses neurones s'agitent, vifs, puis, vaincus et caprifiés, pendouillent. Et le bonhomme, - qui n'est ni Fargue, ni Larbaud, ni Vielé-Griffin, ni Béraud, Bruant, Bourges, ou Charles-Louis Philippe, qui n'est pas même Beucler, Carco ou Ferdinand Herold -, en son portrait, se moque, fait la ... nique. Se sentirait-il devenu à ce point inaccessible, tel le petit singe perché sur un trop exotique banian ? Vos réponses en commentaires ou ici : harcoland@gmail.com.

lundi 16 mars 2009

L'exposition Saint-Pol-Roux ferme ses portes : souvenirs d'une belle exposition (Ibis)

En relisant le billet d'hier, je me rends compte que le lecteur, avec raison, ne peut être satisfait du peu d'images nettes illustrant cette trop rapide visite. Aussi, avec l'accord des organisateurs, voici un diaporama de quelques-uns des documents, essentiellement dessins et photographies issus du fonds Tarquis conservé aux Archives municipales de Brest, qui furent exposés dans la Bibliothèque d'Etude.

(à suivre : Au Musée des Beaux-Arts)

dimanche 15 mars 2009

L'exposition Saint-Pol-Roux ferme ses portes : souvenirs d'une belle exposition (I)

J'aurais aimé avoir eu le temps de rédiger ce billet alors qu'il était encore possible de visiter l'exposition que la Bibliothèque d'Etude et le Musée des Beaux-Arts de Brest, conjointement, consacrèrent à Saint-Pol-Roux. Malheureusement, voici qu'elle ferme ses portes le jour même où je rédige ces lignes, dès lors non pas publicitaires mais commémoratives. Le lieu était bien choisi pardi, puisque le 22 rue Traverse, où s'élève aujourd'hui le bâtiment de la Bibliothèque, fut la dernière et infortunée demeure du poète : l'hôpital où il mourut le 18 octobre 1940. Je dois dire qu'en découvrant l'affiche, j'avais eu d'abord un peu peur que l'exposition virât à l'énième célébration régionaliste du Magnifique, ne présentant que des documents bretons prouvant l'enracinement finistérien de Saint-Pol-Roux. Les organisateurs m'avaient invité au vernissage du 16 décembre, mais je n'avais pu m'y rendre, hélas. Plus de deux cent personnes y assistèrent témoignant d'une curiosité et d'un intérêt croissants pour l'oeuvre du poète - la présence d'un public relativement nombreux au colloque des 27 & 28 février derniers en est un autre témoignage. Bref, je ne doute pas que l'exposition fût finalement un succès ; et j'en doute d'autant moins que, l'ayant depuis visitée, mes craintes initiales se sont envolées. L'exposition rend, contrairement à ce que pouvait laisser sous-entendre le titre, plutôt bien compte de l'itinéraire littéraire et personnel de Saint-Pol-Roux. J'aurais bien voulu donner, pour les lecteurs du blog qui, pour la plupart, n'ont pu se rendre à Brest, un aperçu détaillé de chacun des documents exposés, mais ma propre visite fut trop brève pour relever un tel défi. Je me contenterai donc d'un rapide survol, d'une sommaire présentation, agrémentée de quelques photos aimablement communiquées par Nicolas Galaud, le directeur de la Bibliothèque d'Etude. Puis il y aura un catalogue, très prochainement, et nous pourrons alors mieux nous consoler...
A la Bibliothèque
Au rez-de-chaussée, une série de panneaux mêlant textes et iconographie accueillent le visiteur ; ce sont les mêmes qu'à Châteaulin où se tint une précédente exposition, "Le Verbe et la Lumière", en 1992. C'est à l'étage que l'exposition proprement dite commence. La première vue est celle d'un pan de mur présentant plusieurs visages dessinés du poète et pour beaucoup parus dans la presse, portraits et caricatures de Pierre Vaillant, André Rouveyre, Jim Sévellec, Saïk, etc. ; puis au-dessous, envitrinés, d'autres dessins de Xavier de Langlais, de Vallotton, etc. en leur support, livres et albums.


Sur le mur d'en face, une première étape, de la Provence au Finistère, avec essentiellement des photographies familiales et des documents rares et émouvants : le baccalauréat du jeune Paul Roux, signé par Jules Ferry en 1881, une carte d'identité établie au nom de Saint-Pol-Roux, une lettre à Gustave Geffroy...

Le magnifique portrait de Mallarmé par Rochegrosse signale que nous quittons désormais l'état-civil pour la poésie. Nouvelle station : Du parnasse au symbolisme. La vitrine est encadrée par "Le pèlerinage de Sainte Anne" et "Le miracle de 1886" ; à l'intérieur : un cahier, sur les premières pages duquel le tout jeune Paul Roux a recopié une douzaine de poèmes de Mallarmé, une lettre à Jules Huret le priant de publier l'intégralité de sa réponse à l'enquête sur l'évolution littéraire dans l'Echo de Paris, un numéro du Mercure de France, des éditions originales, une lettre à Mirbeau, un exemplaire du Cabinet noir de Max Jacob et de La Conquête des étoiles de Marinetti, dédicacés par leurs auteurs à Saint-Pol-Roux, etc.

Puis voici la Dame à la Faulx, avec un tapuscrit anoté de la main de Saint-Pol-Roux, puis les Ardennes, l'amitié avec Victor Segalen, l'aventure surréaliste (la première lettre de Breton au Magnifique, la page d'hommage des Nouvelles littéraires, des coupures de presse sur le banquet du 2 juillet), les échanges avec Max Jacob, la Répoétique et les Litanies de la Mer, la synthèse verbale des pêcheurs de Camaret, dont était exposé un merveilleux manuscrit illustré. Et ma mémoire me fait défaut pour tout citer... puis il aurait fallu s'attarder plus devant chaque pièce ; puis il aurait fallu revenir et prendre des notes ; puis... vivement le catalogue.

(à suivre : Au Musée des Beaux-Arts)

Nota : Le Grand Jeu concours court toujours. Le visiteur sèche, comme un fruit tombé. Ses neurones s'agitent, vifs, puis, vaincus et caprifiés, pendouillent. Et le bonhomme, - qui n'est ni Fargue, ni Larbaud, ni Vielé-Griffin, ni Béraud, Bruant, Bourges, ou Charles-Louis Philippe, qui n'est pas même Beucler, Carco ou Ferdinand Herold -, en son portrait, se moque, fait la ... nique. Se sentirait-il devenu à ce point inaccessible, tel le petit singe perché sur un trop exotique banian ? Vos réponses en commentaires ou ici : harcoland@gmail.com.

samedi 14 mars 2009

Saint-Pol-Roux : "portrait chinois", par Jean-Pierre Guillon

Le 24 décembre dernier, je reproduisais la belle lettre que Jean-Pierre Guillon m'écrivit en réponse au questionnaire que je lui adressai et qui avait servi de base aux entretiens entoilés au printemps 2008 ; "Pour le "portrait chinois", je verrais peut-être plus tard", avait-il noté en conclusion de son épistole. Le "plus tard" advint tout récemment et je puis, ce soir, compléter la lettre initiale de Jean-Pierre Guillon, en donnant ici le "portrait chinois" de Saint-Pol-Roux qu'il a eu l'amabilité de me communiquer.

***

1. un animal : le paon faisant la roue. - 2. un végétal : la crosse de fougère. - 3. une pierre (semi)précieuse : le galet brut. - 4. un objet : le télégraphe de Chappe. - 5. un moyen de locomotion : le patin à roulettes. - 6. un lieu : une maison, chaumière le jour, château la nuit. - 7. une couleur : rose-bonbon. - 8. un parfum : le parfum naturel qui se dégage d'une plantation d'orangers en fleurs. - 9. un être mythologique : Orphée retrouvant Eurydice. - 10. une heure du jour : le lever de soleil. - 11. un événement historique : L'Eden : ouverture du Paradis Terrestre. - 12. un péché capital : l'orgueil de la cocotte et du nouveau-né. - 13. un sentiment : la délicatesse. - 14. un artiste : (à l'époque qui m'occupe) Gauguin. - 15. un vers : « le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui... »

***

Nota : Le Grand Jeu concours court toujours. Le visiteur sèche, comme un fruit tombé. Ses neurones s'agitent, vifs, puis, vaincus et caprifiés, pendouillent. Et le bonhomme, - qui n'est ni Fargue, ni Larbaud, ni Vielé-Griffin, ni Béraud, Bruant, Bourges, ou Charles-Louis Philippe, qui n'est pas même Beucler, Carco ou Ferdinand Herold -, en son portrait, se moque, fait la ... nique. Se sentirait-il devenu à ce point inaccessible, tel le petit singe perché sur un trop exotique banian ? Vos réponses en commentaires ou ici : harcoland@gmail.com.

mercredi 11 mars 2009

Et le premier prix Mallarmé est attribué à ...

Je reprends là où je l'avais abandonné le feuilleton mallarmacadémique. On se souvient qu'il avait été question dans les épisodes précédents de l'élection, après la mort de Francis Vielé-Griffin, de Saint-Pol-Roux à la tête de la jeune assemblée des quinze ; mais aussi de la fondation d'un prix, par Marcello-Fabri et son Âge Nouveau... Tout cela, plus quelques commémorations et agapes littéraires, nous avait déposé au beau mitan du printemps 1938. L'Académie Mallarmé achevait de souffler sa première bougie ; au fil de l'année écoulée, elle s'était essentiellement fait remarquer, à la grande joie des échotiers, par l'enivrant jeu de chaises musicales joué par ses membres, finalement plus verts que ne pouvait le laisser penser leur état-civil. Il était donc temps de renouer avec la poésie et d'attribuer enfin, grâce à Mme Vielé-Griffin, son prix - celui de l'Âge Nouveau étant différé à l'automne. Des noms circulèrent et on pronostiqua...
Le Figaro - 21 mai 1938
L'Académie Mallarmé, elle, votera le 2 juin. Qu'on le remarque : la jeune Compagnie de poésie prend corps, un corps social ; elle est sans dotation régulière, mais ses amis ont fait une tontine pour l'institution du prix.

Les poètes-électeurs se divisent tout comme les critiques, mais pour des raisons plus graves que l'âge des candidats.

Jacques Audiberti, poète d'un obscur génie qu'il faut lire dans La Race des Hommes, étonnant brasseur de symboles et de vocables, a les faveurs des électeurs les plus hardis en forme poétique. Et, avec lui, Paul Eluard, maître de l'école surréaliste.

Mais M. Louis Mandin, dont l'oeuvre principale vient d'être recueillie sous le titre L'Aurore du Soir, édition qui fait valoir soudain la valeur d'une carrière volontairement modeste, trouve les suffrages des "Mallarméens" de tradition plus reconnue.
La Girouette.
Le Figaro - 30 mai 1938
Jeudi, prix de poésie de l'Académie Mallarmé, qui sera décerné chez Drouant.

Tous les "candidats" ou plutôt les lauréats possibles, sont des poètes de valeur.

Jacques Audiberti garde les meilleures chances. Près de lui, André Breton, Pierre Reverdy, Patrice de La Tour du Pin auront des suffrages.

Du côté des poètes traditionnels, Jacques Dyssord et André Druelle.

L'on avait parlé aussi de Tristan Klingsor et de Louis Mandin, dont la carrière est accomplie déjà, en bonne partie. Or, il semble bien que l'Académie Mallarmé veuillet couronner un poète en pleine activité, ni un débutant, ni un ancien.
Les Alguazils.
Et le premier prix de l'Académie Mallarmé est attribué à ...

Figaro - 3 juin 1938
Un poète à l'honneur : Jacques Audiberti
L'Académie Mallarmé a tenu séance hier, place Gaillon, et a décerné pour la première fois son prix de poésie (5.000 francs), fondation de Mme Viélé-Griffin, destiné "à honorer le nom d'un poète dont l'oeuvre est assez importante pour être jugée".

Au second tour de scrutin, Audiberti a obtenu huit voix contre trois à André Druelle et trois à Jacques Dyssord.

Beau choix assurément : le poète Audiberti - né le 25 mars 1899 à Antibes - a publié deux livres : L'Empire et la Trappe (1930), Race des hommes (1937), qui révèlent un grand créateur poétique, d'accès difficile, hermétique parfois, du fait même que le langage, chez lui, court les aventures propres, mais un vrai poète dont l'obscur travail crée souvent des splendeurs uniques. Nous reparlerons de ce lauréat, désigné à l'attention, samedi, dans notre Figaro Littéraire.
Les Alguazils.
Le Figaro - 4 juin 1938
A L'OISEAU DE PARIS
L'Académie Mallarmé élisait avant-hier le premier lauréat de son Prix de Poésie : Audiberti - tout court - poète de L'Empire de la Trappe (1930) et de Race des hommes (1937). Il est né à Antibes en 1899.

L'occasion nous paraît excellente de mettre nos lecteurs en contact avec un exemple de cette expression poétique, encore nouvelle, déconcertante même, et hermétique pour beaucoup.

L'oeuvre de M. Audiberti ne figure pas une poésie ordonnée par l'intelligence et assez peu une poésie des images. De très lointaine et involontaire filiation mallarméenne, elle est d'abord une libre création du langage, du verbe, avec ses hasards, ses splendeurs et, on le verra, ses scories.

A l'oiseau de Paris - tumulte poétique devant un oiseau du square Louvois - est un poème inédit du lauréat de l'Académie Mallarmé.
Au nom du pire, au nom de l'herbe, au nom de toi,
oiseau, viens vers moi !
Je t'aime... Je t'aime...
Par les buis et les fous du jardin de Louvois,
accours à la voix
du fils du baptême.

Entre les oiseaux, oiseau,
tu cisailles le réseau
de l'espace qui sépare.
Sans patrie et sans péché,
du monde toujours caché
tu fends l'écorce barbare.

OEuf dont nul le nom ne sait,
Sauf, sous ton tendre corset,
une âme enfin détendue,
laisse mon chaste désir
dans la foule te saisir
Pour fixer mon étendue.

Je ne te connais pas. Tu ne me connais pas.
Ne vole là-bas.
Faisons connaissance.
S'unisse notre nid, requis par mon exil,
au fond du sourcil
D'une seule absence.

Flûteau taciturne où court
l'appel de mon coeur, plus lourd
que notre mère la brume,
ouvre, enfle tes capuchons,
et que l'ombre où nous marchons
se dissipe sous ta plume.

Comme l'aquilon, tu crois.
Les soleils, gros de leur croix,
ton aile, debout, les masques,
Et les dieux blancs et hideux
Tremblent dès que de nous deux
Surgit la bonne bourrasque.

J'exige et je supplie, ange de nos rameaux,
qu'en dépit des mots
à jour tu nous perces,
et qu'au bol de ma soif du sang très innocent
enfin tarissant
la tienne tu verses.

Le mal jamais je ne fis.
J'exaspérai de défis
l'atroce bal de la bombe.
Je passai le triste jour
à gémir devers l'amour...
Il vit derrière la tombe.

Espérez encore avant
de hurler contre le vent,
et de piétiner l'image.
Doux, le duvet des oiseaux
porte sur les sombres eaux
La promesse du ramage.
Audiberti.
Les échotiers ne disent pas qui fut l'académicien qui s'abstint (8 voix pour Audiberti, 3 voix pour Druelle, 3 voix pour Dyssord, font 14 et non 15). Mais il me plaît à penser que Saint-Pol-Roux, bien qu'en son temps André Rouveyre le représentât, sans concession, auprès de Louis Mandin, accorda son vote à cet autre outrancier lyrique dont l'oiseau qui cisaille le réseau de l'espace qui sépare n'est pas sans rappeler les alouettes, coups de ciseaux gravissant l'air, du Magnifique. Dans ses mémoires, le poète de Race des hommes laissera un souvenir de cette reconnaissance mallarméenne, souvenir que j'emprunte au site des Amis de Jacques Audiberti : "Avec Cocteau, Fargue, Paul Fort, Saint-Pol Roux, [Valéry] fut de ceux qui m'accueillirent, copain compagnon, dans je ne sais plus quel endroit de nappes et d'assiettes, vers la fin de l'année trente-huit quand j'avais des bosses aux genoux de mes pantalons, afin de me décerner un certain prix, le prix Mallarmé. Le montant du prix consistait, surtout, dans cet inestimable rendez-vous avec la poésie française en chair et en os."

Il y aura en novembre de la même année un deuxième prix décerné par l'Académie, celui concoté par l'Âge Nouveau, qui récompensera de plus jeunes poètes. Nous en reparlerons, après un détour par Saint-Brieuc et Camaret.
Nota : Le jeu-concours court toujours. Puisque ça sèche, voici donc un indice : à moins d'habiter en Barbarie, vous devriez trouver, ô fins amateurs de littérature de la Belle-Epoque et de l'entre-deux guerres, quelque volume exhibant le nom de notre mystérieux bonhomme dans vos bibliothèques, pour sûr...

mercredi 4 mars 2009

Arsène HOUSSAYE : Du danger de vivre en artiste quand on n'est que millionnaire (nouvelles recueillies & postfacées par Eric Vauthier)

Arsène HOUSSAYE, Du danger de vivre en artiste quand on n’est que millionnaire, postface d’Éric Vauthier et Illustrations d’Anne Careil, Éditions de L’Arbre Vengeur, 2008.

Le lecteur contemporain ne se souvient plus guère d’Arsène Houssaye (1815-1896), sinon comme l’heureux dédicataire des Petits Poëmes en prose de Baudelaire. C’est beaucoup et c’est néanmoins bien peu pour celui qui fut, à sa manière, un homme-siècle, débutant sa carrière de littérateur en pleine effervescence romantique, accueillant les générations réaliste puis symboliste dans ses revues, touchant à tous les genres, sans génie certes, mais non sans talent. Arsène Houssaye est une de ces nombreuses figures oubliées de l’histoire littéraire, vite classées parmi les minores, et qui joua pourtant un rôle de premier plan dans le petit monde des Lettres de son époque. Parce qu’il fut un animateur influent de la vie littéraire, mais aussi parce qu’il sut enregistrer en son œuvre certaines des tendances qui seront exploitées par ses jeunes confrères.

Les huit nouvelles – on dirait plus volontiers contes – réunies ici par Éric Vauthier en sont un témoignage assez convaincant. Au cours du XIXe siècle, le développement du récit bref, plus facile à insérer dans les journaux alors en plein essor, s’est accompagné presque immédiatement d’une revalorisation poétique du genre – surtout sous l’influence de Poe et de son traducteur Baudelaire. Chez Houssaye, excellent connaisseur du lectorat de la presse quotidienne, l’efficacité prime ; le récit est tout entier au service de l’effet à produire : l’effroi et/ou le rire. L’auteur ne s’embarrasse pas de psychologie ; « son style, écrit le postfacier, volontiers elliptique coïncide parfaitement aux exigences de concentration et d’efficacité du récit court ».

Ses personnages sont d’ailleurs plutôt des automates de chair, condamnés – car l’enfer (parisien) n’est jamais bien loin – à reproduire les mêmes gestes ou situations, comme Eugénie Rivoire l’une des « Deux Parisiennes aux bords du Missouri » jetant son enfant nouveau-né dans la Seine, puis en défenestrant un autre ; comme Wilfrid Milson revivant chaque nuit, dans « Nina et Mimi », la longue agonie de sa femme qu’il a empoisonnée ; comme Mlle de Montaignac, « Mademoiselle Salomé », rencontrant partout la tête d’Arthur Dupont, l’amant éconduit et suicidé. Il y a chez Houssaye une certaine complaisance dans le morbide, dans le cruel, où le sentimentalisme n’a pas sa part – qu’on se reporte à « Monsieur Paul et Mademoiselle Virginie », ironique et noire récriture du roman de Bernardin de Saint-Pierre. Houssaye est un montreur ; sa narration est exhibitionniste, spectaculaire. Il n’est pas anodin que le monde du théâtre ou du cabaret, plus rarement de l’art, serve de cadre à ces nouvelles ou que les personnages – en général les femmes – en soient issus. Le narrateur, en talentueux bonimenteur, montre et se montre, usant des présentatifs (« voici ce que raconta Eugénie Rivoire… »), servant de guide (« Il est huit heures moins un quart, nous sommes rue du Colisée… » ; « Voyez-vous là-bas, sur la terrasse de Saint-Germain… ? »), quand il n’est pas lui-même guidé (« Le marquis de Satanas m’avait entraîné chez Laborde… ») ou simplement narrateur-personnage (« Du danger de vivre en artiste… »). Aussi, ce petit recueil est-il une galerie de jolis monstres, Parisiennes fatales et insensibles, que l’auteur-exhibitionniste prend un évident plaisir à animer sous les yeux d’un lecteur, placé, avec un plaisir égal, dans la position du voyeur, dispositif qu’emploieront à leur tour les nouvellistes de la fin de siècle.
Nota : Il est vivement conseillé de feuilleter le catalogue des Editions de l'Arbre Vengeur, téléchargeable en ligne ici ; on y trouve fatalement son bonheur. Eric Vauthier est le collecteur de l'important Nuit rouge et autres histoires cruelles de Paris, dont il fut déjà rendu compte ici.

lundi 2 mars 2009

De retour de l'UBO : le colloque "magnifique"

Ce fut incontestablement un événement que la tenue de ce colloque fort pertinemment intitulé "Saint-Pol-Roux, passeur entre deux mondes", les 27 & 28 février derniers à Brest. Evénement historique d'abord, puisqu'il s'agissait du premier entièrement consacré au poète ; et événement universitaire de haute tenue, tant les intervenants et les communications y furent de qualité. L'objectif avoué de la manifestation était de donner un aperçu global de l'oeuvre idéoréaliste et d'ouvrir des pistes de recherches. Mme Marie-Josette Le Han, qui l'organisa de belle manière, conçut un programme en trois temps.

"Fragments d'une vie". Voilà un titre bien trouvé pour une initiale approche, nécessairement kaléidoscopique, et qui colle à l'itinéraire si particulier du Magnifique. Certes, il ne fut pas question des premières années provençales et lyonnaises si décisives, de la conquête parisienne ou du séjour dans les Ardennes, - il fallait bien opérer un choix et l'une, au moins de ces stations, sera magistralement évoquée dans les Actes. Mais Marcel Burel nous entretint de l'enracinement breton de Saint-Pol-Roux, à Roscanvel d'abord ; enracinement dont témoigne l'usage de "bretonnismes" fréquents dans les poèmes écrits entre 1898 et 1905. N'est-ce pas d'ailleurs la Bretagne qui présida aux rencontres avec Victor Segalen et Théophile Briant ? Ce dernier, qui avait débuté comme galeriste d'avant-garde dans les années 1920, fut un important animateur de la vie littéraire de 1930 à sa mort, en 1956, ami de Max Jacob, Jehan Rictus, Céline et Saint-Pol-Roux, directeur du Goéland, qui sut braver la tempête, niché en sa Tour du Vent de Paramé. Dominique Bodin a relevé les nombreux points de rencontre, biographiques et littéraires, qui unirent les deux solitaires. M. Jean-André Le Gall, quant à lui, donna une relecture personnelle de l'amitié entre Segalen et Saint-Pol-Roux, déduisant une distance entre les deux hommes de l'absence de lettres échangées entre mars 1909 et avril 1915, d'après l'édition Rougerie. Distance que laissait déjà entendre l'hommage du jeune médecin-poète lors du banquet du 6 février 1909. Puis, pendant la guerre, il y eut l'affaire des bois de Gauguin, dont on parla beaucoup en ce colloque. Ce fut le cas notamment de Mme Renée Mabin qui fit un bel exposé, et fort bien illustré, sur "Saint-Pol-Roux frère des peintres : de Gauguin à Jim Sévellec", où il apparut clairement que la peinture, comme la poésie, ne pouvait être, pour le Magnifique, reproduction du réel, mais création nouvelle, projection d'une vision personnelle du peintre. "Fragments d'une vie", l'aperçu que donna l'excellent et érudissime Jean-Louis Debauve de la correspondance "générale" de Saint-Pol-Roux, elle-même fragmentaire, dispersée, lacunaire, se voit parfaitement coiffé d'un surtitre tel. Il fut question de lettres à Charpentier, Decourcelle, Royère, Vallette, Dujardin, et d'une rencontre inattendue, petite merveille de poésie, avec Renée Hamon, le petit corsaire de Colette. Mais, chut...

"Affinités littéraires et rencontres esthétiques". L'après-midi du vendredi, on entra plus avant dans la poésie et la pensée idéoréalistes. Ce fut d'abord M. Jean-Luc Pestel, qui analysa la lecture idéoréaliste de l'oeuvre rimbaldienne, lecture johannique, qui passe, chez Saint-Pol-Roux, par le prisme hugolien, synthétisant ainsi ces deux figures majeures, dans la généalogie de la poésie moderne, les mages Hugo et Rimbaud. Les deux communications suivantes posaient la question de la place du poète dans l'histoire littéraire ; "Saint-Pol-Roux symboliste ?" interrogea M. Julien Schuh, recontextualisant la notion d'idéoréalisme, terme issu probablement de la philosophie post-kantienne et de l'allemand ideal-realismus, adopté et théorisé par le Magnifique puis emprunté par Camille Mauclair en son Eleusis (1894), qui le fit sien - du moins finit-on par le croire. Mikaël Lugan se demanda ensuite si les relations entre Saint-Pol-Roux et les surréalistes ne pâtirent pas d'un "malentendu poétique". Mme Dominique Millet-Gérard fit une lecture très intéressante de "Chapelle de hameau", confrontant le poème à ceux de Jammes à qui il est dédié ; elle en tira d'importantes conclusions pour l'oeuvre entière. J'en dirai plus quand paraîtront les Actes. Puis ce fut le tour de M. Patrick Besnier, qui avait choisi d'étudier les rapports de Saint-Pol-Roux avec la musique ; on la trouve, à l'origine, liée à sa pratique de poète, puis réapparaît sous les traits de Charpentier, de Wagner dont il revient à M. Besnier d'avoir dégagé les traces de l'influence sur le dramaturge idéoréaliste... mais l'imprégnation wagnérienne, d'époque, ne doit pas cacher une autre influence moins hautaine, celle de la musique, libérée du conservatoire, populaire, humble, plus opérette qu'opéra. Mme Marie-Josette Le Han proposa, avec "Le poète, pèlerin de la charité", une analyse sensible, enfin, du dernier poème des Féeries Intérieures, "Le châtelain et le paysan", dans lequel elle voit - je crois : justement - un terme et la naissance d'une poétique renouvelée.

"Ambitions d'une oeuvre". J'attendais avec impatience l'intervention de Jacques Goorma, qui ouvrit bien des horizons à l'amateur de l'oeuvre saint-pol-roussine. Il est le premier à avoir soutenu une thèse sur le Magnifique, Poétique de Saint-Pol-Roux. Et Jacques Goorma est un grand poète. C'est donc en spécialiste et en poète qu'il nous entretint de "La poésie comme force d'union et d'émancipation", de la pensée idéoréaliste en son multiple mouvement. (Je vous souhaite d'entendre un jour la voix bouleversante de Jacques Goorma). La communication de Mme Odile Hamot illustra de fort belle façon l'intervention précédente, révélant le symbole idéoréaliste de l'échelle d'Ezechiel, récurrent dans l'oeuvre de Saint-Pol-Roux. La logique voulait que ces deux-là se suivent, puisque Mme Odile Hamot est l'auteure d'une autre thèse assez extraordinaire sur le poète, Obscur symbole de lumière (le mystère dans l'oeuvre de Saint-Pol-Roux), qui, a-t-on appris, devrait paraître d'ici un an. L'étude de Nicolas Tocquer consacrée à la correspondance SPR-Royère n'était pas moins attendue ; en effet, la Bibliothèque de Brest avait, il y a quelques mois, acquis 53 lettres adressées par le Magnifique à Jean Royère, et n'ayant eu l'occasion de la consulter, j'étais curieux de connaître les secrets qu'elle renfermait. Il en fut dévoilé quelques-uns, mais là encore : chut... M. Jean-Michel Kervran parla ensuite de l'éthique et de l'esthétique dans l'oeuvre de Saint-Pol-Roux, clarifiant bien, convoquant Platon et surtout Plotin (dont on causa beaucoup aussi durant ces deux jours), l'indissoluble rapport entre les deux notions dans la poésie idéoréaliste. Et comme il avait été question d'esthétique, Mme Françoise Daniel conclut le colloque en évoquant "l'idée de primitivisme" chez le Magnifique, et c'est une autre piste qui me paraît riche d'avenir.

Je n'ai, of course, donné ici qu'un rapide résumé - s'agit-il même d'un résumé ? - de ce jour et demi historiques. Le sujet avait inspiré les participants puisque tous dépassèrent le temps originellement imparti. Le vendredi, en fin d'après-midi, la parfaite organisation du colloque avait prévu une visite guidée de l'exposition Saint-Pol-Roux, dont je reparlerai bientôt. Qu'ajouter ? Eh bien, qu'il y aura des Actes et, sûrement, bientôt, des journées d'étude dans les universités, et d'autres colloques magnifiques.
Nota : Notre mystérieux bonhomme photographié est toujours inidentifié. Voici donc un indice : tout amateur de littérature belle-époque possède nécessairement un de ses livres dans sa bibliothèque, ou en a lus.